A LA UNE
Entretien avec Thomas Andrillon, doctorant au Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique (LSCP)
Thomas Andrillon a participé à une étude sur la capacité du cerveau d'apprendre de tout, même du bruit, qui vient d'être publiée par Current Biology. Il revient sur ces résultats étonnants, fruit d'une collaboration entre deux laboratoires du DEC.
Comment es-tu arrivé au DEC / LSCP? Quel est ton parcours?
Je suis arrivé à l’ENS en 2008 après une classe préparatoire en Biologie à Toulouse. Mon département
d’entrée était donc celui de Biologie mais j’étais déjà intéressé par le DEC. J’ai donc rempli mon agenda de L3 de cours du DEC ce qui m’a permis de me
rendre compte que les sciences cognitives étaient beaucoup plus vastes que je ne le soupçonnais. En parallèle, je participais aux expériences organisées
par les laboratoires du DEC dont le LSCP. C’est vite devenu un bon moyen d’explorer les différentes thématiques de recherche du DEC. J’y ai notamment découvert
la psychologie expérimentale et ses raffinements. J’ai aussi eu la chance d’arriver à l’ENS lorsque se sont mis en place les mini-stages à
destination des L3 sous l’impulsion de Jérôme Sackur. Mes premiers pas en recherche côté expérimentateur se sont donc faits également au LSCP
sous la direction d’Emmanuel Dupoux et d’Anne Christophe. Je n’imaginais pas alors que j’y retournerais en thèse ! Je suis ensuite passé par d’autres laboratoires à Paris (Mathias Pessiglione, ICM) et aux Etats-Unis (Giulio Tononi, Univ. of Wisconsin-Madison) durant mon Master (Cogmaster). A mon retour, Sid Kouider m’a proposé le défi de monter un « laboratoire sommeil » au DEC. J’ai sauté sur l’occasion. Le pari était risqué, le bâtiment du DEC résonnait encore du doux bruit des marteaux-piqueurs, mais j’étais en césure avec un semestre sans grand enjeu. Je suis ensuite retourné un semestre dans le laboratoire de G. Tononi dans le cadre de mon M2 avant de rentrer à Paris poursuivre les travaux commencés avec Sid.
Sur quoi travailles-tu ? Quel est le sujet de ta thèse ?
L’équipe de Sid Kouider s’intéresse à l’étude de la conscience à travers différentes approches. Je me suis personnellement concentré sur le sommeil. En effet,
le sommeil peut être vu comme une modulation naturelle du niveau de conscience et c’est ce pourquoi il nous a d’abord intéressés.
D’ordinaire, pour étudier quels types de traitement des entrées sensorielles peuvent être faits de manière inconsciente, la psychologie expérimentale
utilise diverses techniques consistant à dégrader l’information sensorielle suffisamment pour qu’elle ne soit pas accessible à la conscience,
mais pas jusqu’au point où elle ne pourrait plus être traitée (un équilibre délicat!). De plus, dans ces expériences, si l’information à traiter est
inconsciente, le participant, lui, l’est bel et bien. Il peut parfois même être conscient d’effectuer un exercice sur la base d’une information inconsciente.
Notre approche ici est, en quelque sorte, de dégrader le participant plutôt que l’information afin de voir quels types de traitement peuvent être réalisés dans
un état global de conscience dégradée voire absente. Nous avons ainsi montré récemment que le cerveau pouvait catégoriser des mots pendant le sommeil et
prendre des décisions sur la base d’une information sémantique (Kouider et al., Current Biology, 2014). Plus récemment, nous nous sommes penchés sur la question de
l’apprentissage : peut-on apprendre quelque chose lorsque l'on dort ? En parallèle, je me suis aussi intéressé au sommeil en tant que tel en explorant la neurophysiologie du sommeil.
Cet été, en collaboration avec des chercheurs américains et israéliens, j’ai par exemple publié un article sur la partie rêvée du sommeil
(sommeil paradoxal ou sommeil REM en anglais). Nous nous sommes intéressés plus précisément aux mouvements oculaires présents dans le sommeil paradoxal
(Andrillon, Nir et al., Nature Communications, 2015). Ces mouvements ressemblent étrangement aux mouvements que nous faisons éveillés pour explorer
notre environnement visuel. Nous avons montré que, bien que les paupières soient closes, ces saccades
s’accompagnent d’une activation des aires visuelles et mnésiques semblables à celle observée lorsque nous visualisons des images.
Les mouvements oculaires pourraient ainsi nous renseigner sur l’étoffe dont sont faits les rêves. Ce travail sur la physiologie du sommeil résonne avec notre approche plus fonctionnelle puisque nous avons par ailleurs observé que le cerveau est plus sensible à l’information auditive dans les parties de sommeil paradoxal sans mouvement oculaire. Peut-être est-ce dû au fait que dans le dernier cas, le dormeur est déjà occupé à traiter une information (le contenu du rêve) autrement plus intéressante !
Pourquoi avoir choisi de réaliser ta formation universitaire au sein du DEC ?
Comme je le disais, j’ai une formation initiale de biologiste et je me suis toujours passionné pour l’étude du vivant. Mais le vivant est vaste et il a fallu choisir quoi étudier précisément.
J’ai beaucoup été influencé par les écrits de Daniel Dennett notamment sa description de la conscience comme étant le dernier mystère scientifique.
Mystère dans le sens où les scientifiques ne savent toujours pas vraiment comment aborder le problème. A tort ou à raison, ce côté mystérieux m’a attiré. Mais au-delà de
ces considérations personnelles, la formation du DEC axée sur l’interdisciplinarité des approches et le fait que ce soit un département composé de scientifiques de
tous les horizons correspondaient tout à fait à mes attentes.
Current Biology vient de publier l'article Perceptual learning of acoustic noise generates memory-evoked potentials. Cette étude à laquelle tu as participé porte sur l'étonnante capacité du cerveau d'apprendre de tout, même du bruit. Peux-tu nous en parler?
En 2010, Trevor Agus, post-doctorant au DEC à l’époque, Daniel Pressnitzer (Laboraoire des Systèmes Perceptifs, DEC) et Simon Thorpe (CERCO, Toulouse) ont publié un article dans la revue Neuron sur cette forme surprenante d’apprentissage du bruit.
En acoustique, le bruit blanc est caractérisé par le fait que toutes les fréquences sont équitablement représentées. Il est généré
grâce à des suites de nombres aléatoires. Aucun motif ne s’en dégage donc. Pourtant, si l’on accole des petites séquences d’une demi-seconde du
même échantillon de bruit blanc, on commence rapidement à entendre quelque chose, un rythme, voire un son distinct se répétant.
L’effet est aussi rapide que net. Daniel et Trevor ont brillamment montré que cette perception dans le bruit résultait d’un
vrai apprentissage. Cet apprentissage d’un son aussi complexe que le bruit blanc est toutefois un mystère du point de vue des mécanismes neuronaux.
Pour donner un ordre de grandeur, une demi-seconde représente 22050 nombres aléatoires. Étant précisément aléatoire, il n’y aucun moyen de compresser cette information
qui ne soit arbitraire. Pourtant Daniel et Trevor ont montré que cette mémoire au bruit pouvait être conservée au-delà de 2 semaines !
Alors comment fait le cerveau pour apprendre de tels sons de façon si fiable et si rapide ? Notre idée de départ était que ce type d’apprentissage était purement
personnel, idiosyncratique. Que le cerveau parvenait à extraire un bout de bruit blanc pour développer une sensibilité particulière à ce fragment ce qui aiderait
in fine à la détection de la répétition. Une hypothèse alternative supposait l’existence au contraire d’un apprentissage plus global de la séquence
répétée (Luo et al., Current Biology, 2013). Pour départager ces deux hypothèses, nous avons utilisé l’électroencéphalographie. Nous avons montré que
lorsque le cerveau est exposé à ces bruits blancs contenant des répétitions, des réponses auditives apparaissent ne pouvant être
expliquées par les propriétés acoustiques du son. Ces réponses auditives seraient le fruit de l’apprentissage d’un fragment de la portion répétée et
de son traitement comme d’un son à part entière une fois l’apprentissage réalisé. Ces réponses semblent réparties au hasard dans la portion répétée,
confirmant l’aspect idiosyncratique de cette mémoire. Nous avons également montré que malgré la complexité d’un tel apprentissage, il pouvait se faire de
façon automatique sans que le participant y porte attention ou soit même informé de l’existence de ces répétitions. Plus récemment, dans une autre étude réalisée
en collaboration avec le Centre du Sommeil de l’Hôtel-Dieu (Pr Damien Léger), nous avons montré que cet apprentissage pouvait aussi se
faire pendant certains stades de sommeil ! Au-delà du bruit blanc, ces travaux démontrent l’incroyable capacité du cerveau à apprendre à partir de ce qui est
récurrent dans notre environnement même lorsque ce qui est récurrent n’est que pur hasard.
Ils soulignent également l’importance de l’expérience passée dans le traitement des sons et leur apprentissage et donc la nature très personnelle de notre perception.
En particulier, lorsque les sons ne contiennent pas ou peu de propriétés physiques claires.
Cette étude est le fruit d'une collaboration entre deux laboratoires du DEC, le LSP et le LSCP. Comment s'est organisée cette collaboration?
Sid Kouider (LSCP) a eu l’idée plutôt surprenante au premier abord d’employer le paradigme élaboré dans l’équipe de Daniel Pressnitzer (LSP) pour nos études sur
le sommeil. L’article publié récemment ne devait être qu’une première étape. Un pilote qui a bien tourné ! Sid et Daniel se connaissaient bien ce qui a rendu
la collaboration toute naturelle. Le protocole a été élaboré sur un coin de table du restaurant La Montagne Sans Geneviève. Daniel et son post-doctorant d’alors,
Trevor Agus, m’ont beaucoup aidé pour la partie opérationnelle. Sid et Daniel m’ont apporté leur savoir et leur expérience respectifs. Leurs personnalités très ouvertes sont
pour beaucoup dans le succès de cette collaboration et sont, fort heureusement, loin d’être une exception au DEC.
D’ailleurs, depuis, les échanges se sont multipliés entre nos deux équipes impliquant d’autres chercheurs (Jérôme Sackur, Alain de Cheveigné, Shihab Shamma),
l’organisation de Workshops (PSL/UCL), de séminaires (EEGclub) mais également d’autres projets scientifiques en cours de finalisation.
Thomas Andrillon, Sid Kouider, Trevor Agus, Daniel Pressnitzer (2015). Perceptual learning of acoustic noise generates memory-evoked potentials. Current Biology 25, 1-7
Site du Labratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique: http://www.lscp.net
Site du Laboratoire des Sytèmes Perceptifs: http://www.iec-lsp.ens.fr
Site de Thomas Andrillon
Site de Sid Kouider
Site de Daniel Pressnitzer
NOMINATION
Anne-Catherine Bachoud-Levi a été nommée chef de service de neurologie au CHU Henri Mondor de Créteil
Le Professeur Anne-Catherine Bachoud-Lévi (NPI) a été nommée chef du service de neurologie au CHU Henri Mondor. Ce service de neurologie est l'un des plus importants d'Ile-de-France
qui prend en charge des patients en consultation et en hospitalisation avec une capacité d’accueil de 52 lits. Il s'agit de tous types de patients ayant des troubles
neurologiques, ainsi que des cohortes organisées sur des pathologies particulières telles les maladies neurodégénératives (maladie de Huntington, maladie de Parkinson..), les lésions vasculaires ou les maladies inflammatoires du système nerveux central et périphérique. Des techniques innovantes y ont été développées comme la greffe neuronale ou la thérapie génique sous promotion AP-HP.
L'objectif de ce service est évidemment en premier lieu d'assurer des soins de qualité aux patients. Son second objectif, validé par la direction hospitalière et la faculté de Médecine et l'Université Paris-Est, sera d'assurer et de développer un suivi et une recherche de haut niveau en cognition avec une plate-forme cognitive qui sera développée sur le site, en partenariat avec le DEC, ce qui permet d’envisager des partenariats associant recherche et soins.
Anne-Catherine Bachoud-Lévi est professeur de neurologie dotée d'un bagage scientifique de psycholinguistique et psychologie expérimentale. Elle a commencé à étudier la maladie de Huntington en 1993, peu de temps après la découverte du gène. Elle travaille à l’Hôpital Henri-Mondor et coordonne depuis 2004 le Centre National de Référence de Maladie Rare pour cette maladie.
Le Professeur Bachoud-Lévi dirige l’équipe INSERM U955 E01 (NeuroPsychologie Interventionnelle, NPI) qui est présente sur deux sites: l’Institut Mondor de Recherche Biomédicale, à la Faculté de Médecine de l’UPEC à Créteil et le DEC.
Deux axes de recherche sont développés au sein du NPI :
– Le premier est l’étude des fonctions cognitives liées à la communication humaine: le langage et la cognition sociale.
– Le second est une activité de recherche translationnelle étudiant la réparation des structures cérébrales par des thérapies innovantes comme la greffe de cellules dans le cerveau.
L’originalité de l’équipe repose sur la conjonction de recherche clinique sur les nouvelles thérapies d'une part et de recherche fondamentale en cognition d'autre part. Ceci permet d’étudier la cognition aussi bien sous l’abord de la dégénérescence que celui de la restauration et de la plasticité cérébrale, ainsi que d’intervenir pour améliorer les traitements et la prise en charge de patients atteints de maladies dégénératives, en particulier la maladie de Huntington. L’activité de NPI s’adosse sur celle du Centre National de Référence – maladie de Huntington (AP-HP, Hôpital Henri Mondor, Créteil).
Le NPI utilise une triple approche :
1) L’expérimentation chez l’adulte sain afin de pouvoir proposer des modèles de fonctionnement normal du langage et de la cognition sociale ;
2) L’évaluation du langage et de la cognition sociale chez des adultes cérébro-lésés ou atteints de maladies neurodégénératives comme les maladies de Huntington et de Parkinson avec, grâce à l’émergence des nouvelles technologies, une ouverture nouvelle sur les outils connectés et le suivi des patients à leur domicile.
3) L’application de thérapies innovantes (greffes de neurones, thérapie génique) à ces populations pour réparer les fonctions cognitives et comprendre les processus fonctionnels de réparation.
Site internet du NPI : http://iec-npi.ens.fr
Site internet du Centre de Référence pour la Maladie de Huntington : http://huntington.aphp.fr
Journée Nationale de la Maladie de Huntington, vendredi 4 décembre 2015, de 9h30 à 18h
PRIX
Elena Pasquinelli (groupe COMPAS) vient de recevoir le prix Le Goût des sciences
Elena Pasquinelli vient de se
voir attribuer le prix Le Goût des sciences par Thierry Mandon, secrétaire d'Etat en
charge de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Depuis 2009, ce prix distingue
les meilleures initiatives et publications dans trois catégories: "le livre généraliste", "la science expliquée aux jeunes",
"les scientifiques communiquent". Objectif du prix : valoriser le travail des chercheurs et des éditeurs, encourager les vocations et affirmer l'importance de la culture scientifique au sein de la culture générale contemporaine.
C'est dans la catégorie "livre généraliste" que l'ouvrage d'Elena Pasquinelli "Mon cerveau ce héros" (éditions Le Pommier) a été récompensé.
En savoir plus sur le prix Le goût des sciences 2015 sur le site du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur
et de la recherche.
La COP21 et le DEC
Tables rondes COP21 : sciences cognitives et écologie
Dans le cadre de la COP 21, du 30 novembre au 11 décembre à Paris, l’association Scalp! et le Département d’Etudes Cognitives de l’ENS organisent cinq tables rondes au croisement des sciences cognitives, de l’écologie, et des politiques publiques, en vue d’éclairer les prises de décisions liées à la crise environnementale.
L'entrée est gratuite. En raison du plan vigipirate, l'inscription est obligatoire sur eventbrite.
PROGRAMME :
DESTRUCTION ENVIRONNEMENTALE : PRISE DE RESPONSABILITÉ ET DISSONANCE COGNITIVE
Vendredi 4 décembre, 19h, ENS, 29 rue d’Ulm, Salle Jaurès
Table ronde en anglais
De nombreux acteurs individuels et entreprises ont une influence directe ou indirecte sur la crise environnementale. Par ailleurs, ces mêmes individus peuvent avoir des croyances, émotions ou comportements favorables à l’environnement. Cette tension peut être analysée à la lumière du phénomène de la dissonance cognitive : les conflits cognitifs génèrent en effet un inconfort que les individus tendent à minimiser par des modifications dans leurs croyances, comportements,
émotions etc. L’enjeu de cette table ronde est d’examiner, par le biais d’exemples concrets, la possibilité d’une application de ces théories de la dissonance cognitive aux cas des acteurs impliqués dans la destruction environnementale, et ainsi de questionner leur responsabilité.
Intervenants :
Pierre-Louis Choquet, Doctorant à la School of Geography and the Environment de l’Université d’Oxford
Albert Moukheiber, Psychologue clinicien et postdoctorant à l’Institut du Cerveau et de la
Moelle Epinière
Ioannis Mylopoulos, Ingénieur en génie civil, chercheur en gestion des ressources naturelles, Professeur à l’Université Aristote de Thessalonique
LA HONTE PEUT-ELLE SAUVER LA PLANETE ?
Lundi 7 décembre, 10h12h30, ENS, 29 rue d’Ulm, Salle 236
Table ronde en anglais suivie d’un buffet bio
On considère souvent que la manière la plus efficace et naturelle de favoriser des comportements
écologiques est de recourir d’un côté à des incitations financières et de l’autre à la contrainte légale. Toutefois, ces mesures se révèlent insuffisantes et l’utilisation d’autres leviers apparait comme nécessaire. S’appuyant sur le caractère intrinsèquement social des êtres humains, les recherches en sciences cognitives, et notamment en psychologie sociale, ont démontré l’importance de la réputation dans la détermination des comportements. En particulier, le souci de préservation de l’image de soi s’avère être un levier efficace. Ces mêmes mécanismes pourraientils être utilisés pour favoriser l’adoption d’attitudes écologiques par les organisations collectives ? L’enjeu de cette table ronde est de discuter le potentiel de ces ressorts sociocognitifs.
Intervenants :
Jennifer Jacquet, Chercheuse au département d’Etudes Environnementales à l’Université de
New-York
Gloria Origgi, Chercheuse en philosophie, sciences sociales et épistémologie à l’Institut Jean
Nicod, CNRS
DU SAVOIR A L'ACTION : LA COGNITION HUMAINE FACE A LA CRISE ECONOMIQUE
Mardi 8 décembre, 19h30, ENS, 29 rue d’Ulm, Salle Jaurès
Les recherches scientifiques actuelles établissent qu’un changement climatique lié aux activités humaines est en cours. Plus généralement, elles mettent au jour l’existence de nombreux désastres environnementaux causés par les êtres humains. Or, alors même que nous connaissons ces diagnostics, nous ne parvenons pas à adopter les mesures adéquates exigées par la situation. Une hypothèse possible pour expliquer ce paradoxe est la nature même de la menace à laquelle nous faisons face. En effet, à la différence des menaces ordinaires ou quotidiennes, la menace
écologique parait plus abstraite et trop éloignée pour encourager la mise en œuvre d’actions effectives. L’esprit humain s’avèretil plus paresseux, et la volonté plus faible, lorsque les conséquences des décisions ne sont pas immédiates mais s’échelonnent sur plusieurs décennies ? Ces dernières années des chercheurs en sciences cognitives et en épistémologie ont étudié les mécanismes de la perception des risques, les biais qui bloquent cette perception et détournent les intentions d’action, ainsi que sur les manières de les déjouer. L’enjeu de cette table ronde est d’introduire une discussion entre chercheurs spécialisés sur ces questions et preneurs de décisions publiques dans le domaine environnemental.
Intervenants :
Barbara Bonnefoy, Chercheuse au Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale à l’Université Paris X
Eric Guilyardi, Océanographe et Climatologue, Professeur en climatologie et météorologie à
l’Université de Reading, membre de l’Institut Pierre Simon Laplace
Annamaria Lammel, Anthropologue et spécialiste de psychologie environnementale à
l’Université Paris VIII
ARGUMENTATION ET NEGOCIATIONS ENVIRONNEMENTALES
Mercredi 9 décembre, 20h, ENS, 29 rue d’Ulm, Salle Jaurès
La préservation de l’environnement passe par une prise de décision collective. Cette dernière requiert que les partiesprenantes – les gouvernements – parviennent à se coordonner et à établir des accords. Les négociations environnementales apparaissent ainsi cruciales dans le processus de changement et de décision. Elles reposent notamment sur des activités d’argumentation et de discussion qui s’établissent à partir de ressources et de mécanismes cognitifs.. Ces études sur les mécanismes de l’argumentation et les décisions collectives peuvent donc permettre de mieux comprendre le déroulement des négociations et, peutêtre, aider à la mise en place de négociations fructueuses, débouchant sur la conclusion d’accords et l’adoption de décisions concrètes. L’enjeu de cette table ronde est de voir comment les recherches portant sur la prise de décisions collectives et l’argumentation peuvent aider à l’amélioration des négociations environnementales.
Intervenants :
Alban Bouvier, Philosophe et chercheur en sciences sociales à l’Institut Jean Nicod et à
l’Université Aix-Marseille
Hugo Mercier, Chercheur au CNRS et membre du centre de sciences cognitives de l’Université
de Neuchâtel
Laurent Mermet, Professeur en management environnemental à l’AgroParisTech et chercheur au CESCOCentre d’Ecologie et de Sciences de la Conservation
DES CONCEPTIONS DE LA NATURE A LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE
Jeudi 10 décembre, 19h, ENS, 29 rue d’Ulm, Salle Jaurès
Alors que la préservation de la nature est une nécessité, les méthodes employées pour conserver la biodiversité ne font pas consensus et la définition même de la biodiversité apparaît au cœur du débat. En effet, la façon d’appréhender la biodiversité varie de façon importante d’une culture à l’autre. Sans chercher à déterminer la meilleure façon de préserver la biodiversité, l’objet de cette table ronde est de comprendre comment les modèles de la nature contraignent notre façon d’interagir avec elle et notre compréhension des relations entre espèces, ainsi que les applications pratiques de ces connaissances sur la conservation de biodiversité.
Intervenants :
Pierre-Henri Gouyon, Professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle
Olivier Laroussinie, Directeur de l’Agence des Aires Marines Protégées, futur directeur de l’Agence Française pour la Biodiversité
Marie Roué, Anthropologue de l’environnement au Musée de l’Homme
Samuel Roturier, Chercheur au Musée de l’Homme
Emmanuel Sander, Chercheur en psychologie, spécialiste du raisonnement et de la compréhension, professeur à l’Université Paris VIII
Site internet de Scalp!
Page Facebook de Scalp!
MEDIAS
Les sciences cognitives sur grand écran
Á partir de quelques photographies de ses archives personnelles,
des souvenirs et des réflexions que ces images réveillent en elle,
la cinéaste Nurith Aviv va à la rencontre de cinq chercheurs en neuroscience parmi lesquels Sharon Peperkamp (LSCP),
et d'un psychiatre-psychanalyste, pour les questionner sur des sujets tels que la mémoire,
les neurones miroirs, le bilinguisme, la lecture, l’odeur, ou encore les traces de l'expérience.
La sortie de ce documentaire est prévue en salle le 2 décembre.
Joëlle Proust (IJN) dans le magazine de Philosophie 3ammagazine.com
Retrouvez l'entretien de Joelle Proust par Richard Marshall sur la metacognition pour le magazine littéraire en ligne 3ammagazine.com, parue le 21 novembre dernier :
http://www.3ammagazine.com/3am/metacognition/
FINANCEMENTS
Christian Lorenzi (Laboratoire des Systèmes Perceptifs) a obtenu un financement ANR SpeechCode
Ce financement est partagé avec Judith Gervain (UMR LPP, UPD, coordonnatrice) et Jean Piere Nadal (UMR LSP, ENS).
Abstract :
The general objective of the SpeechCode project is to understand how the developing auditory system encodes the speech signal, providing representations
that contribute to language acquisition. The project is thus organized around two, closely related specific objectives: (i) to analyze and characterize speech
and other speech-like signals in terms of computational and mathematical principles of neural coding and information processing in the auditory system;
and (ii) to identify and describe early perceptual abilities present at the onset of language development allowing human infants to recognize speech as a relevant
signal for language acquisition.
QUELQUES PUBLICATIONS RECENTES
Paul Egré, Octobre 2015, Le raisonnement par récurrence: quel fondement ?, La Gazette des Mathématiciens (Société Mathématique de France), n°146: 20-30
Abstract:
Quel est le fondement du raisonnement par récurrence, ou principe d’induction mathématique ? J’examine trois réponses à la question.
Une réponse formaliste : la question est un faux problème, l’induction est un axiome parmi d’autres. Une réponse de type intuitionniste,
celle de Poincaré : le fondement de l’induction est un acte de l’esprit, qui condense une infinité d’inférences logiques.
Enfin la réponse logiciste de Frege : l’induction suit d’une définition explicite de la notion de nombre entier naturel.
Le but de cet article est de comparer ces positions et de rendre accessible le Théorème de Frege, qui donne une preuve des axiomes de
Peano en logique du second ordre et dérive ainsi le principe d’induction comme un théorème.
Kouider, S., Long, B., Le Stanc, L., Charron, S., Fievet, A-C., Barbosa, L.S., & Gelskov S. (2015). Neural dynamics of prediction and surprise in infants. Nature Communications, 6:8537.
Abstract :
Prior expectations shape neural responses in sensory regions of the brain, consistent with a Bayesian predictive coding account of perception.
Yet, it remains unclear whether such a mechanism is already functional during early stages of development. To address this issue, we study
how the infant brain responds to prediction violations using a cross-modal cueing paradigm. We record electroencephalographic responses to
expected and unexpected visual events preceded by auditory cues in 12-month-old infants. We find an increased response for unexpected events.
However, this effect of prediction error is only observed during late processing stages associated with conscious access mechanisms. In contrast, early perceptual components reveal an amplification of neural responses for predicted relative to surprising events, suggesting that selective attention enhances perceptual processing for expected events. Taken together, these results demonstrate that cross-modal statistical regularities are used to generate predictions that differentially influence early and late neural responses in infants.
Friederike Moltmann, States vs Tropes. Commentary on Marcyn Morzicki: "Degrees as Kinds of States". Natural Language and Linguistic Theory 33.3., special issue edited by B. Gehrke and E. Castroviejo Miró, 2015, pp. 829-841.
Abstract :
In this commentary on Anderson and Morzycki’s article ‘Degrees as kinds’, I raise some issues about the interchangeability of concrete (or Davidsonian) states (in the sense of Maienborn 2007) and tropes (particularized properties, accord- ing to Moltmann 2009), as well as the category of concrete states as such. I will also raise some issues for Anderson and Morzycki’s use of kinds of concrete states for constructing degrees and their analysis of the comparative.
AGENDA
27 novembre 2015
Séminaire Philosophie Expérimentale (IJN)
Christoph Witzel (LPP, Université Paris Descartes) : "Cognitive effects on colour perception"
27 novembre 2015
Doc'in Nicod (IJN)
Anna Giustina (IJN) : "A Defense of the Reliability of Introspection"
30 novembre 2015
Séminaire PaCS (IJN)
Aïda Raoult (Chicago/Marseille) : "Reviewing Tests for Machine Consciousness"
30 novembre 2015
Soutenance de thèse
Anatoly Buchin (GNT/LNC) : "Modeling of single cell and network phenomena of nervous system : ion dynamics during epileptic oscillations and inverse stochastic resonance"
1er décembre 2015
New Ideas in Theoretical Neuroscience (GNT/LNC)
Adam Kepecs
2 décembre 2015
Séminaire Mind and Language (IJN)
Robert May (UC Davis) : "Pejoratives as fiction"
3 décembre 2015
Groupe de travail Philosophie Expériementale (IJN)
Roman Feiman (Harvard University) : "The logic in language: How all quantifiers are alike, but each quantifier is different"
4 décembre 2015
Groupe de travail "Philosophie Expérimentale" (IJN)
Video conference avec le groupe de Miriam Teschl
2, 4, 8 décembre 2015
Cycle de Conférences LINGUAE 2015 (IJN)
Didier Demolin (Univ. Sorbonne-Nouvelle)
Du 4 au 10 décembre 2015
Série de tables-rondes COP21 : sciences cognitives et écologie
En savoir plus
7 décembre 2015
Séminaire PaCS (IJN)
Alex Grzankowski (Texas Tech/Cambridge) : "A Relational Theory of Non-Propositional Attitudes"
7 décembre 2015
Séminaire Education & Cognition (IJN)
Francesco Avvisati & Francesca Borgonovi (OECD analysts, PISA Project) : "Testing the testing effect"
7 décembre 2015
Workshop on Extensive and Intensive Recordings of Children's Language Environment (LSCP)
En savoir plus
8 décembre 2015
Colloquium du DEC
Didier Démolin : "Syntatic structures and organization in music from the perspective of oral tradition musical systems"
9 décembre 2015
Séminaire Mind and Language (IJN)
Gregory Bochner (Université libre de Bruxelles) : "The Problem of the Essential Index"
9 décembre 2015
Groupe de travail "Philosophie Expérimentale" (IJN)
Martin Fortier (IJN) : “Supernatural thinking as probabilistic reasoning: Studying children’s selective learning from informants who exhibit supernatural powers”
11 décembre 2015
Journée d'étude Rôle et qualité d'agent
En savoir plus
11 décembre 2015
Séminaire Aesthetics and Cognitive Science (ÆCS)
En savoir plus
11 décembre 2015
Doc'in Nicod
Claudia Picazo Jaque (IJN/LOGOS)
14 décembre 2015
Séminaire Naturalisation des normes épistémiques (IJN)
Philippe Rochat (Emory University)
14-15 décembre 2015
New Ideas LSP
En savoir plus
15 décembre 2015
Séminaire Naturalisation des normes épistémiques (IJN)
Bence Nanay (Professor of Philosophy, University of Antwerp) : "Mental imagery and the epistemic cachet of perception"
16-18 décembre 2015
Colloque "La cognition du Maître"
En savoir plus
Retrouvez l'agenda du DEC sur le site internet du département.
Retrouvez le programme, les archives et les enregistrements audio du colloquium du DEC sur le site du département.