A LA UNE
SCALP!
Un collectif d'étudiants du DEC décide de rapprocher et de faire dialoguer les communautés des sciences cognitives, des sphères publiques et de la société civile autour de questions importantes et controversées qui ont jusqu'alors échappé à l'approche scientifique.
Qui êtes-vous ? Pouvez-vous présenter Scalp! ?
Scalp! est une association collégiale loi 1901 créée en juillet 2015, constituée essentiellement de doctorants en sciences cognitives,
mais aussi de militants associatifs, doctorants en sciences politiques et ingénieurs. Soutenue par le DEC et par l’ENS,
l’association fonctionne sans hiérarchie, avec des responsabilités distribuées horizontalement: toutes les décisions sont prises à la
majorité des trois quarts.
Pour nous contacter: association.scalp@gmail.com ou la page facebook “Scalp - Sciences Cognitives et Société”.
Dans quel but avez-vous créé Scalp! ?
Quel est le lien entre Scalp! et les sciences cognitives ?
Scalp! porte la conviction que les sciences cognitives - un domaine de recherche pluridisciplinaire relativement récent et en pleine expansion -
sont devenues nécessaires à la compréhension du monde. Qu’il s’agisse de prendre des décisions pour l’éducation, la santé, le travail, de comprendre
les facteurs qui entrent en jeu dans les comportements et leurs effets etc., l’approche naturaliste de l’humain développée par les sciences
cognitives depuis une soixantaine d’années commence à être assez mature pour être sérieusement mise à contribution. L’association Scalp! a vocation à rapprocher et faire dialoguer les communautés des sciences cognitives, des sphères publiques et de la société civile autour de questions importantes et controversées qui ont jusqu’alors échappé à l’approche scientifique. Concrètement, nous entendons organiser des conférences, tables rondes et débats interrogeant des enjeux sociétaux contemporains (e. g. éducation, environnement, expertise, discriminations, santé, sécurité etc.), systématiquement avec des intervenants issus de la recherche en sciences cognitives, et des interactions avec un public interdisciplinaire.
Vous avez organisé un premier événement le 22 juin 2015 à l'ENS. Il s'agissait d'une table-ronde sur le thème de “l'Expertise dans le débat public". Frédéric Taddei (journaliste, animateur), Wiktor Stoczkowski (EHESS) et Franck Ramus (DEC/ENS) étaient vos invités. Pourquoi avoir choisi ce thème comme premier sujet ? Pourquoi avoir choisi ces intervenants?
Etant donnée notre ambition de faire intervenir des spécialistes scientifiques dans les processus de décision,
il était indispensable de commencer par clarifier la notion d’expert. Il n’est en effet pas donné a priori que l’expertise
scientifique soit une ressource à privilégier, aussi avons nous souhaité examiner les présupposés de notre démarche. Nous avons invité
Frédéric Taddeï (journaliste, animateur de télévision et radio) pour représenter l’espace public, Franck Ramus (chercheur en sciences cognitives à l'ENS, CNRS)
pour représenter les sciences cognitives engagées, et Wiktor Stoczkowski (Directeur d'études à l'EHESS, chercheur en anthropologie de la connaissance au
Collège de France) pour examiner la nature du lien possible entre les deux domaines. La réflexion, animée et modéré par deux membres de Scalp!, a porté sur la prise de parole dans le débat public, sur la notion d’expertise, et sur la place de la science - et des sciences cognitives en particulier - dans la société. Cette manifestation était gratuite et ouverte au grand public; elle a attiré une centaine de participants.
Quels sont vos prochains projets?
Dans le cadre de la COP 21, du 30 novembre au 11 décembre, Scalp!, en collaboration avec le DEC, organise des tables rondes sur quatre questions.
Chacune de ces tables rondes réunira des chercheurs en sciences cognitives et des personnalités publiques, en vue d’éclairer les prises des décisions liées à
l’environnement et à la crise écologique.
Quatre axes de réflexion seront abordés:
1) Du savoir à l’action: la cognition humaine face à la crise écologique
Les recherches scientifiques actuelles établissent qu’un changement climatique lié aux activités humaines
est en cours. Plus généralement, elles mettent au jour l’existence de nombreux désastres environnementaux
causés par les êtres humains (déforestation massive, disparition de la biodiversité, pollution de l’eau, etc.).
Or, alors même que nous connaissons ces diagnostics, nous ne parvenons pas à adopter les mesures adéquates
exigées par la situation. Une hypothèse possible pour expliquer ce paradoxe est la nature même de la menace
à laquelle nous faisons face. En effet, à la différence des menaces ordinaires ou quotidiennes,
la menace écologique parait plus abstraite et trop éloignée pour encourager la mise en œuvre d’actions
effectives. L’esprit humain s’avère-t-il plus paresseux, et la volonté plus faible, lorsque
les conséquences des décisions ne sont pas immédiates mais s’échelonnent sur plusieurs décennies ?
Ces dernières années des chercheurs en sciences cognitives et en épistémologie ont étudié les
mécanismes de la perception des risques, les biais qui bloquent cette perception et détournent
les intentions d’action, ainsi que sur les manières de les déjouer (e.g., Pascal Engel (EHESS),
Paul Slovic (University of Oregon), Daniel Gilbert (Harvard University)). L’enjeu de cette table ronde est d’introduire une discussion entre chercheurs spécialisés sur ces questions et preneurs de décisions publiques dans le domaine environnemental.
2) Modèles populaires de la nature, conservation de la biodiversité et éducation
La façon d'appréhender la nature varie d'une culture à l'autre. Ces différentes manières de se représenter la nature ont des conséquences importantes sur la manière d’interagir avec la faune et la flore, et d'intervenir dans un écosystème. Les anthropologues et psychologues cognitifs ont étudié différents modèles populaires de la nature et les gestions de l’environnement qui en découlent (e.g., Douglas Medin (Northwestern University), Sandra Waxman (Northwestern University)). Ces domaines de recherche étudient également les mécanismes de transmission et d'acquisition de tels modèles (e.g., Megan Bang (University of Washington), Sara Unsworth (San Diego State University). L'enjeu de cette table ronde est de questionner le potentiel impact de ces connaissances sur les processus de conservation de la biodiversité.
3) Argumentation et négociations environnementales
La préservation de l’environnement passe par une prise de décision collective.
Cette dernière requiert que les parties-prenantes – les gouvernements –
parviennent à se coordonner et à établir des accords. Les négociations environnementales apparaissent ainsi cruciales dans
le processus de changement et de décision. Elles reposent notamment sur des activités d’argumentation et de discussion qui
s’établissent à partir de ressources et de mécanismes cognitifs.. Ces études sur les mécanismes de l’argumentation (e.g.,
Hugo Mercier (University of Neuchâtel), Alban Bouvier (Institut Jean Nicod)) et les décisions collectives (e.g., Denis Bonnay
(Université Paris Ouest), Shmuel Nitzan (Bar-Ilan University), Bahador Bahrami (University College London)) peuvent donc permettre
de mieux comprendre le déroulement des négociations et, peut-être, aider à la mise en place de négociations fructueuses, débouchant
sur la conclusion d’accords et l’adoption de décisions concrètes. L’enjeu de cette table ronde est de voir comment les recherches
portant sur la prise de décisions collectives et l’argumentation peuvent aider à l’amélioration des négotiations environnementales.
4) Environnement, honte et réputation: le levier de l’opinion publique
On considère souvent que la manière la plus efficace et naturelle de favoriser des comportements pro-écologiques est de recourir d’un côté à des incitations financières et de l’autre à la contrainte légale. Toutefois, ces mesures se révèlent fréquemment inefficaces et l’utilisation d’autres leviers apparait nécessaire. S’appuyant sur le caractère intrinsèquement social des êtres humains, les recherches en sciences cognitives ont démontré l’importance de la réputation dans les comportements humains (e.g., Gloria Origgi (Institut Jean Nicod), Jennifer Jacquet (New York University)). En effet, le souci de préservation de l’image apparaît comme un levier extrêment efficace pour changer les comportements des individus. Ces mêmes mécanismes pourraient-ils être utilisés pour changer favoriser l’adoption d’attitudes écologiques par les individus et les grandes entreprises ? L’enjeu de cette table ronde est de discuter la place de ces leviers cognitifs dans l’incitation à adopter de comportements écologiques.
Page Facebook de Scalp!
Contacter Scalp!: association.scalp@gmail.com
PRIX
Frédérique de Vignemont (Institut Jean Nicod) vient de recevoir le prix Young Mind & Brain
Le prix Mind & Brain a été créé par le Centre des Siences Cognitives de Turin pour récompenser les réussites exceptionnelles dans l'avancée des connaissances dans
le domaine des sciences cognitives.
Le prix Young Mind & Brain existe depuis 2010. Il récompense les jeunes scientifiques dont les travaux de recherche innovants ont conduit à des avancées significatives dans la compréhension
de l'esprit et du cerveau.
Ce prix a été remis cette année à Frédérique de Vignemont le 25 septembre dernier à Turin.
Site web de Frédérique de Vignemont
Site web du Mind & Brain Prize
MEDIAS
Le DEC sur France Inter
Franck Ramus (Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique) était l'invité de Mathieu Vidard dans l'émission "La tête au carré" du 14 septembre dont le sujet portait sur la dyslexie.
Il revient sur l'état des connaissances scientifiques sur la dyslexie.
Réécoutez l'emission sur France Inter .
Site web de Franck Ramus
FRblog
Facebook
Gloria Origgi (Institut Jean Nicod) est intervenue le 16 septembre dans la même émission au sujet de la réputation.
Vous pouvez réécouter l'émission sur France Inter.
Blog
Site web de Gloria Origgi
Et dans Les inrocks
Avec un entretien de Paul Egré (Institut Jean Nicod).
Parlerons-nous bientôt une langue universelle grâce aux ordinateurs ?
Pourquoi chercher le langage universel qui nous permettra de communiquer sans barrière linguistique ? Pour mieux comprendre ce besoin qui anime certains scientifiques de trouver un Graal linguistique, Les Inrocks ont interrogé Paul Egré.
Lire l'article
Site web de Paul Egré
VIDEOS
David Chalmers (New York University) "Spatial Experience and virtual reality"
Les vidéos des Conférences Jean-Nicod 2015 du Professeur David Chalmers (New York University) "Spatial Experience and virtual reality" sont désormais en ligne sur le site Savoirs ENS.
Page des conférences sur le site de l'Institut Jean Nicod.
QUELQUES PUBLICATIONS RECENTES
Thomas Andrillon, Sid Kouider, Trevor Agus, Daniel Pressnitzer (2015). Perceptual learning of acoustic noise generates memory-evoked potentials. Current Biology 25, 1-7
Abstract:
Experience continuously imprints on the brain, at all stages of life. The traces it leaves behind can produce perceptual learning [1],
which drives adaptive behavior to previously encountered stimuli. Recently, it has been shown that even random noise, a type
of sound devoid of acoustic structure, can trigger fast and robust perceptual learning after repeated exposure [2]. Here,
combining psychophysics, electroencephalography (EEG), and modeling, we show that the perceptual learning of noise is associated
with evoked potentials, without any salient physical discontinuity or obvious acoustic landmark in the sound. Rather, the potentials
appeared whenever a memory trace was observed behaviorally. Such memory-evoked potentials were characterized by early latencies and
auditory topographies, consistent with a sensory origin. Furthermore, they were generated even on conditions of diverted attention.
The EEG waveforms could be modeled as standard evoked responses to auditory events (N1-P2, [3]), triggered by idiosyncratic perceptual
features acquired through learning. Thus, we argue that the learning of noise is accompanied by the rapid formation of sharp neural
selectivity to arbitrary and complex acoustic patterns, within sensory regions. Such a mechanism bridges the gap between the short-term
and longer-term plasticity observed in the learning of noise [2, 4–6]. It could also be key to the processing of natural sounds within
auditory cortices [7], suggesting that the neural code for sound source identification will be shaped by experience as well as by acoustics.
Thomas Andrillon, Yuval Nir, Chiara Cirelli, Giulio Tononi & Itzhak Fried (2015). Single neuron activity and eye movement during human REM sleep and awake vision, Nature Communications 6, Article number:7884 doi:10.1038/ncomms888
Abstract:
Are rapid eye movements (REMs) in sleep associated with visual-like activity, as during wakefulness? Here we examine single-unit activities (n=2,057) and intracranial electroencephalography across the human medial temporal lobe (MTL) and neocortex during sleep and wakefulness, and during visual stimulation with fixation. During sleep and wakefulness, REM onsets are associated with distinct intracranial potentials, reminiscent of ponto-geniculate-occipital waves. Individual neurons, especially in the MTL, exhibit reduced firing rates before REMs as well as transient increases in firing rate immediately after, similar to activity patterns observed upon image presentation during fixation without eye movements. Moreover, the selectivity of individual units is correlated with their response latency, such that units activated after a small number of images or REMs exhibit delayed increases in firing rates. Finally, the phase of theta oscillations is similarly reset following REMs in sleep and wakefulness, and after controlled visual stimulation. Our results suggest that REMs during sleep rearrange discrete epochs of visual-like processing as during wakefulness.
A. Saez, M. Rigotti, S. Ostojic, S. Fusi and C.D. Salzman (2015) Abstract context representations in primate amygdala and prefrontal cortex, Neuron, 87(4):869-81.
Abstract:
Neurons in prefrontal cortex (PFC) encode rules, goals, and other abstract information thought to underlie cognitive, emotional, and behavioral flexibility. Here we show that the amygdala,
a brain area traditionally thought to mediate emotions, also encodes abstract information that could underlie this flexibility.
Monkeys performed a task in which stimulus-reinforcement contingencies varied between two sets of associations, each defining a
context. Reinforcement prediction required identifying a stimulus and knowing the current context. Behavioral evidence indicated
that monkeys utilized this information to perform inference and adjust their behavior. Neural representations in both amygdala
and PFC reflected the linked sets of associations implicitly defining each context, a process requiring a level of abstraction
characteristic of cognitive operations. Surprisingly, when errors were made, the context signal weakened substantially in the amygdala.
These data emphasize the importance of maintaining abstract cognitive information in the amygdala to support flexible behavior.
Sun, Y., M. Giavazzi, M. Adda-Decker, L. Barbosa, S. Kouider, A.-C. Bachoud-Lévi, C. Jacquemot & S. Peperkamp (2015).
Complex linguistic rules modulate early auditory brain responses. Brain and Language 149, 55-65
Abstract:
During speech perception, listeners compensate for phonological rules of their language. For instance, English place assimilation causes
"green boat" to be typically pronounced as "greem boat"; English listeners, however, perceptually compensate for this rule and retrieve
the intended sound (n). Previous research using EEG has focused on rules with clear phonetic underpinnings, showing that perceptual
compensation occurs at an early stage of speech perception. We tested whether this early mechanism also accounts for the compensation
for more complex rules. We examined compensation for French voicing assimilation, a rule with abstract phonological restrictions on
the contexts in which it applies. Our results reveal that perceptual compensation for this rule by French listeners modulates an early
ERP component. This is evidence that early stages of speech sound categorization are sensitive to complex phonological rules of the
native language.
AGENDA
9 octobre 2015
Anna-Sofia Maurin (Univ. of Gothenburg)
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12 octobre 2015
Charles Siewert (Rice university): "On the cognitive richness of experience"
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14 octobre 2015
Charles Siewert (Rice university): 'The problem of self-knowledge: a critical-phenomenal approach"
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19 octobre 2015
Martine Nida-Rümelin (Université de Fribourg): "Consciousness and Self-consciousness"
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5 novembre 2015
Colloquium du DEC - Philipp Schyns (Univ. Glasgow)
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5-6 novembre 2015
Paris Workshop on Decoding of Sound and Brain
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9 novembre 2015
Stéphane Lemaire (Univ. de Rennes 1)
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10 novembre 2015
Colloquium du DEC - Jean-Julien Aucouturier
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19, 20, 21 novembre 2015
Colloque "Les concepts d'hallucination et d'état modifié de conscience en question"
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Retrouvez le programme, les archives et les enregistrements audio du colloquium du DEC sur le site du département.